Avec la dématérialisation de la musique, les enfants n’ont pas de culture musicale. ils téléchargent titre par titre sans faire de lien entre les genres, les artistes, leurs œuvres… Ce n’est pas leur faute. C’est la magie du patchwork digital. Mais c’est à nous, parents, de leur faire faire des liens entre les choses pour leur offrir un peu de cohérence. La musique a aussi son histoire.
Yvette, 10 ans, fait des moulinets dans le salon, se tortille et chante (très faux) :
« Bette Davis’ eyes »
… un morceau logé comme une balle dans vos souvenirs de jeunesse. Bette Davis, Kim Carnes et jusqu’au texte n’ont aucun sens pour elle. Peut-être « eyes », retenu au bout de 5 ans d’initiation anglais. Quoique.
La virtualité musicale aplatit la culture
Au siècle dernier, l’industrie musicale avait fait un bond culturel, peu souligné en son temps, en créant le CD à boîte cristal et son livret. Des petits bijoux de mises en page ont alors été élaborés. Des textes de chansons ou de commentaires concouraient à irriguer notre culture musicale. Le tout rangé sur nos étagères confortait notre culturelle livresque, par ordre alphabétique ou chronologique.
Un peu d’histoire de la musique, ce serait bien
Le téléchargement a effacé tout cela. Sur un smartphone, on trouve au même rang le gagnant de la Star Ac’ et Mozart, Pink Floyd et Purcell, Dire Straits et Dalida.
Nous, un peu plus vieux, nous nous y retrouvons. Les enfants, eux, gobent tout d’un coup sans chronologie. Ils ne voient d’ailleurs pas l’intérêt de savoir qui était avant qui, et pourquoi le rock d’Elvis doit beaucoup à la culture noire. Je pense pourtant qu’un peu d’histoire de la musique, ce serait mieux. Et si nous prenions le temps de leur signaler deux, trois petits trucs, de la même manière qu’il nous appartient de les aider à se bâtir une culture cinématographique, par exemple*. Notamment, sur Bette Davis…
La musique à la rescousse de l’anglais
Reste la question du contenu de ce qu’on écoute. Nous en sommes à la 4ème génération de Français qui machouillent des refrains anglophones sans rien y comprendre. Pour vous aider à casser cette logique idiote, profitons-en pour doper leurs smartphone des paroles de leurs chansons préférées. Certaines d’ailleurs ne résistent pas à l’exercice.
J’ai trouvé pour les IPods (désolée, je suis Macintoshophile) de formidables apps : « Lyrics search » et surtout « Shazam dont on ne plus se passer. Téléchargement des paroles garanti.
Yvette va au moins comprendre quelques mots de ce que Kim Carnes raconte… « She’ll take a tumble on you, roll you like you ‘re dice »… Ah, bon ?!
A moins que vous, l’ex-fan des Eighties, ne découvriez enfin que ce n’est pas vraiment un texte pour une petite fille de 10 ans !
« Yvettina ! Pose ce smartphone sur sa base… qu’on profite un peu de la voix rauque de Kim Carnes !«
Pour mieux situer Bette Davis, voici un excellent livre d’initiation à la culture cinématographique