Comment apprendre une poésie, avec calme et méthode ? Car retenir un poème est un défi pour beaucoup d’enfants. Alors que cela peut devenir un vrai bonheur !
Hugo (ou Léna, ou…) rentrent à la maison avec un poème à apprendre
L’intéressé(e) est plutôt réfractaire, tendance « De toute façon, j’y arriverai pas ! ». Comment faire ? Vous avez bien entendu ce : « De toute façon, j’y arriverai pas !». Non pas que votre enfant soit, d’emblée, un opposant farouche à la poésie du monde. Pas du tout !
C’est qu’il ne sait tout simplement pas “comment gérer” cet exercice de mémorisation. Tenez ! Avant de vous en prendre à sa mauvaise volonté, une question personnelle : de quand date le dernier poème (ou autre) que vous avez appris, vous, par cœur ?!
Passez un bon moment en les aidant !
Temps nécessaire : 20 minutes.
Voici quelques pistes pour aider notre petit écolier
- D’abord, c’est un exercice de mémoire
Donc, on coupe la musique, le téléphone et la télé, on s’assoit bien confortablement. Pour les jeunes les plus bloqués, on respire bien profondément 2 ou 3 fois pour lâcher les tensions.
- Ensuite : dans un poème, on observe sa structure
Comment est sa construction ? Comme un alpiniste, on repère sa voie royale.
Un poème, cela s’organise en strophes et en phrases (vers) qui riment. Autant de points d’ancrage pour mémoriser. - Combien de strophes, et dans chaque strophe, combien de vers ?
Ca y est, il va être possible de découper pour mieux mémoriser. D’autant plus que bien des poèmes contiennent des répétitions de vers. Une fois repérées, c’est autant de lignes en moins à retenir. Photocopiez le poème et surlignez les répétitions en fluo.
- Un “plus” essentiel : il faut lire le poème plusieurs fois, à haute voix
Pourquoi ? Parce que :
> Tes yeux enregistrent les mots comme une caméra,
> Et que ta voix permet à ton cerveau d’enregistrer comme un dictaphone.
[ Qu’il soit plutôt visuel ou auditif, l’enfant ainsi s’adapte ]. - Faites visualiser les images du poème à l’enfant
Enfin, n’hésitez pas à lire une première fois le poème avec l’enfant, en lui faisant visualiser les images voulues par le poète : c’est plus facile d’apprendre quand on a l’image “d’un petit cheval blanc qui avait du courage dans le mauvais temps”. Par exemple, en imprimant l’image d’un petit poney blanc trouvée sur Google images… Ou alors, pour un auditif, lui dire de s’installer confortablement et de vous écouter lire “un – petit – cheval – dans le mauvais – temps”
>>> Cela se passe-t-il au bord de la mer ? Dans la ville ? Sur la branche d’un arbre ? Qui sont les sujets ? Des gens, des animaux ? Autant d’ancrages pratiques pour la mémoire ! - Faites le pitre et mimez la scène !!!
Les enfants adorent vous voir faire des trucs rigolos : la tempête, l’ogre ou le renard alléché… “Car cette leçon vaut bien un fromage, sans doute ?!”… Donnez de votre personne. Levez-vous ! Faites du théâtre !!!
- Dernière piste : assurez-vous que l’enfant a bien compris tous les mots
C’est très dur d’apprendre du charabia ! Ainsi, dans le poème ci-dessous (de Jacques Prévert), le mot “crêpe” (masculin) en tant que tissu léger n’est pas le dessert breton (féminin) !
La preuve par l’exemple avec Jacques Prévert :
” A l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont.
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes.
Ils s’en vont dans le soir
Un très beau soir d’automne. “
Et vous : arrêtez le Sudoku ! Essayez vous-même d’apprendre un poème demandé à vos enfants, à vos petits-enfants. C’est rouillé là-haut ? Il est temps de vous intéresser à votre mémoire !!! Et de reprendre mes conseils depuis le tout début de cet article !
Reste que c’est aussi un exercice oral !!!
Une fois le texte mémorisé et incorporé, il reste à le transmettre à un auditoire. Cela fait peur, évidemment ! Voici deux conseils importants :
1 – Combattre la tentation d’en finir au plus vite : c’est la récitation mitraillette. Le public / la classe / l’enseignant ne comprend rien, tellement le poème est récité sans relief… Au moindre faux pas, le/la récitant-e perd lui-même le fil.
2 – Donc, on respire, on y va lentement ! Bien articuler permet de détendre la mâchoire, de reprendre son souffle. Si l’on a bien suivi la méthode ci-dessus : et bien, on visualise les strophes et on voit les images qu’on a élaborées pour apprendre… Le poème défile tout seul…
Une bonne mémoire, ça change la vie !
Rappelons-nous cette magnifique remarque du philosophe Georges Steiner :
“Ce que vous avez appris par cœur change en vous et vous changez avec, pendant toute votre vie… C’est une des grandes possibilités de la liberté, de la résistance”.