Pourquoi l’orthographe est-il un savoir fondamental

Des articles récents ont révélé que le niveau d’orthographe des 5èmes actuels est celui des CM2 d’il y a… 20 ans. La Vox Populi s’insurgera : « Ces profs, franchement, sont des incapables ! ». Et si les familles prenaient leur part ?

Les méthodes peuvent certes être discutées, le nombre d’heures consacrées à l’orthographe enfin revalorisé… et j’ai moi-même longuement dans Heureux à l’école fustigé le concept « d’observation de la langue » fixée dans les programmes. Mais il n’y a pas que cela. Trois points fondamentaux restent peu évoqués. Les occulter, c’est fausser le débat.

1  / L’orthographe ne s’inculque pas à 6 ans mais avant, en famille

L’orthographe, bien avant l’école, s’incorpore. Pour cela, dès les premiers mois de la vie, les histoires racontées par les parents bercent l’oreille de bébé. Ensuite, ce sont les petits albums. La production de livres illustrés et de petits magazines est de haute qualité en France, fondés sur les sons, les lettres, associés aux couleurs. On peut s’y abonner ou les emprunter dans toutes les bibliothèques municipales. Cela, bien avant l’école, ce sont les parents, grands-parents, grands frères et sœurs qui y concourent. Bien avant les enseignants.

2 / Comment s’y prendre ?

A l’âge de la maternelle, blottissez-vous dans un canapé avec votre enfant et lisez, (pas trop vite et en insistant sur le ton). Vous remarquerez encore que l’enfant ne regarde pas le plafond et pas si longtemps que ça les illustrations. Si vous placez votre index sous la ligne lue, comme il (elle) le fera bientôt en classe, les mots seront absorbés très naturellement. C’est ça, l’incorporation.
Evidemment, s’il a une tablette à 3 ans, la télé dans sa chambre (26% des enfants !!!), ses propres apps sur tablette qui font « Pouic » et « Pschitt », il y a de grandes chances qu’il oppose un « NON ! » péremptoire au premier album suggéré… Mais alors, ce n’est pas à l’enseignante de CM2 qu’il faut s’en prendre. Ou pas seulement.

3 / C’est à vous de leur révéler le bénéfice et la joie d’une bonne orthographe ?

Les enfants ne savent pas toujours à quoi rime ce qu’ils apprennent à l’école. Comme nous, ils sont d’autant plus motivés dans leurs actions qu’ils en perçoivent le bénéfice ! L’orthographe leur semble avant tout une contrainte. Or, cela peut devenir – presque – un jeu. Comme on apprend l’orthographe en regardant très tôt les mots, on absorbe mieux la logique avec ce petit fil rouge, déroulé dès les premières années =

« Dans le mot « carottage », qu’est-ce que tu entends ? »… « Carotte !», s’exclame vainqueur le petit Marius.
Pourquoi « é » ne se prononce pas « è » ? Pourquoi y-a-t-il 2 « t », ou 2 « ll » ?

Cela n’est pas le fruit du hasard ! Cela a une logique toute aussi passionnante à acquérir que de faire sauter Super Mario et ses pizzas. Parce que l’orthographe est perçue bêtement comme un artifice, un truc superficiel, alors qu’elle n’est que le résultat d’une bonne maîtrise du fond, de la structure de la langue. « en sang » n’est pas « encens » / « en sainte » n’est pas « enceinte ».

4 / L’orthographe a quelque chose à voir avec la citoyenneté

Et oui ! Car savoir ce que les mots expriment, ne pas se laisser refiler un mot pour un autre, partager une langue qui a une histoire, ce n’est pas rien. « Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement », dit l’adage. Le charabia des mystificateurs, bateleurs et autres mauvais prophètes en serait un peu moins facilement gobé. En cela, les familles les plus fragiles – question de citoyenneté aussi – doivent être aidées par la communauté (je ne dis pas « collectivité »).

Parmi les livres qui traitent de la question, voici l’un de mes préférés car l’enfant y est vite impliqué sous la forme d’un conte. Excellent succès de librairie qu’on peut aussi acheter en version e-book !!! Hugo et les rois Etre et Avoir de Anne-Marie Gaignard, Editions Le Robert

A lire aussi mon post : « Mon enfant a peur des dictées ! »

5 / Enfin, l’orthographe reste un sacré critère d’embauche

Le Parisien (février 2019) a révélé dans une enquête que 52% des recruteurs (RH), écartent directement les lettres de motivation pleine de fautes…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

D'autres articles