Le débat sur la notation scolaire ressurgit, laissant penser qu’une mauvaise note est un blâme. Et qu’il faudrait donc évacuer les notes pour avoir la paix et ne pas traumatiser les enfants.
La vie est faite de notes
Oui, c’est ainsi, la vie est faite de notes : dans la vie professionnelle, pour le permis de conduire que l’on passe et le permis dont on perd des points, dans l’échelonnement de notre santé, avec nos cartes de fidélité, et même dans notre âge qui s’incrémente quoi qu’on fasse. Etre jeune ou vieux, c’est être noté par les autres (plus de 18 ans, plus de 60 ans, seniors, etc…). L’idée de sanctuariser le parcours scolaire de toute notation, d’évaluation relative des élèves les uns par rapport aux autres est totalement déconnectée de la vie en société. Il faudrait donc épargner les enfants et puis…. Sur le coup de 18 ans, les jeter à la fac, en classe prépa, en école de commerce ou d’ingénieur, en IUT, en BTS, en apprentissage, au travail et découvrir la longue expérience de vie que sont… les barèmes !!! Welcome on board ! Et surtout, ne prenez pas mal qu’on vous évalue.
Le problème n’est pas la note : c’est la manière de s’en servir !
Le problème est évident mais personne n’ose le dire, ni y changer grand-chose : c’est l’usage traditionnel daté du XIXème siècle qu’en font certains enseignants (pas tous, car il y a de nombreuses tentatives aussi d’évaluation sous d’autres formats).
Mais la note traditionnelle, c’est d’un manque d’agilité consternant ! Jeunes ou vieux, littéraires ou scientifiques, les enseignants perpétuent l’usage du crayon rouge (c’est pourtant pas compliqué de corriger en turquoise !), les propos stupides dans les marges, la vocalisation perverse des notes déclamées en classe pour que tout le monde sache qui est le meilleur et qui est le cancre. Ne parlons pas des bulletins scolaires qui sont en soi une littérature souvent sans bienveillance pour les jeunes enfants les plus en difficulté.
Parents / enseignants : 1 partout, la balle au centre
Il faut bien le dire, les parents adorent aussi les notes. C’est que d’un seul regard, en une écoute de moins de 15 secondes, on sait que c’est un 6 ou un 15. Pas besoin de plus pour réagir. Mais réagir toujours en surface, sans prendre le temps de comprendre la difficulté. Ou de féliciter en appréciant ce savoir-faire remarquable de l’enfant. Ces notes mal utilisées que les enseignants posent, que les parents recueillent, que les enfants subissent trop comme des fatalités.
Au lieu de vouloir retirer les notes ou encore leur substituer des échelons plus doux (les A,B,C,D ont pourtant montrer leurs limites), transformons en profondeur la formation des enseignants à un usage révolutionné de la notation. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement de formation mais de la déconstruction d’une représentation erronée (je suis le prof, je note…) ce qui est bien plus compliqué à conduire vers le changement.
Parce qu’une mauvaise note est une chance, celle de reprendre ce qui n’a pas été compris, sans jugement pour l’erreur.
L’erreur, ce marqueur si sympa qui permet de re-faire, réessayer, détecter le blocage, défaire les verrous et ouvrir de nouvelles portes !!!
Sans jugement !