Voici un livre essentiel pour les parents désemparés face aux difficultés de leur enfant. Face à la souffrance psychique des enfants : Quand et qui faut-il consulter ?
L’auteur, et sa très belle vision globale de la prise en charge des jeunes
Bruno Falissard, pédospychiatre, est aussi professeur de santé publique, directeur d’un centre de recherche en épidémiologie (Inserm), entre autres. Autant de responsabilités et de compétences de terrain qui lui donnent une vision à 360° des chemins thérapeutiques ouverts aux jeunes en souffrance et à leur famille.
Le grand mérite de mettre en perspective les soins possibles en France
Bruno Falissard, dans un style très simple et accessible au grand public, nous propose un état des lieux pragmatique. Tout au long de son propos, l’auteur clarifie le vocabulaire et distingue les concepts, pour nous initier à des évaluations fines : quelle est la différence entre souffrance et douleur ? Qu’est-ce que la psychiatrie et quelle définition pour la pédopsychiatrie ? Quelle distinction entre psychiatrie et santé mentale ?
Connaître l’éventail des possibles pour trouver le bon chemin
Car, avant de se ruer dans la salle d’attente d’un pédopsychiatre, sait-on vraiment bien quelle est sa prise en charge ? A lire Bruno Falissard, on est en droit d’en douter. D’ailleurs, posons autrement la question : quand nous allons mal nous-mêmes, partons-nous directement chez un psychiatre ?!!! En général, nous préférons en parler à notre médecin traitant, à un coach, à un psy, voire un.e ami.e !!! Alors, est-il cohérent d’emmener son enfant chez le « psychiatre des enfants » à la moindre inquiétude ?
D’autres options plus en phase avec l’enfant et ses difficultés
Résultat ? Des familles, qui pourraient trouver des chemins plus doux pour des pathologies ou de simples passages difficiles de l’enfance et de l’adolescence, « encombrent », il faut bien le dire les plannings déjà saturés des pédopsychiatres. Ces derniers disposant moins de temps à consacrer aux cas les plus lourds, nécessitant des médications et des « entretiens de grande technicité », des accompagnements très complexes : pour soutenir des jeunes personnes autistes ou en proie à l’anorexie, par exemple.
Quelques points sur le « i », quelques barres sur les « t »
L’auteur ose, avec beaucoup de pondération, dire des vérités peu dans la tendance mais qui méritent notre attention : si les neurosciences que l’on met à toutes les sauces actuellement, ont bien changé le regard porté sur les malades, force est de constater que « nombreux sont ceux qui sont déçus par le trop faible impact des neurosciences dans les progrès des prises en charge pédopsychiatriques ».
Par ailleurs, il souligne que « C’est toujours un groupe (une famille) qui est en souffrance. Et si l’on veut être thérapeutique, c’est à ce groupe qu’il faut s’adresser ». Ce qui se vérifie souvent quand les parents zappent d’un thérapeute à un autre, semblant eux-mêmes éviter d’être dans la lumière du symptôme qu’ils évoquent, à propos de leur enfant. Enfin, tout sujet aussi jeune soit-il, est porteur d’une histoire, d’une culture : « On l’oublie trop souvent, la mise en œuvre d’un soin médical dépend du contexte social et historique dans lequel le patient et son médecin évoluent ».
Regards sur les psychothérapies
Bruno Falissard, après un tour d’horizon des soins où parfois la médication intervient, rappelle que bon nombre de difficultés des jeunes enfants et adolescents se traitent dans la durée, souvent par des thérapies, qu’elles soient cognitives et comportementales ; en analyse systémique de la famille en tant qu’organisation complexe ; ou encore en processus psychanalytique. Loin des médications, mais au cœur des temps longs de la parole et des échanges humains.
Ce livre au style fluide et sympathique aborde des questions graves
Il souligne notre obligation de mieux connaître l’univers du soin de la souffrance psychique des enfants. Que l’on soit parent, grand parent, enseignant, psychologue scolaire ou acteur social. Parce qu’il est de notre responsabilité de venir en aide aux jeunes qui vont mal ou, plus encore, qui souffrent. Mais chaque fois en personnalisant l’accompagnement à la hauteur des difficultés rencontrées.
La pédopsychiatrie s’adresse à ces petits et ces adolescents « en rupture avec leur capacité de vivre », ce qui est beaucoup plus profond qu’un mal être passager, une crise, une difficulté cognitive gérable par un pédiatre. Laissons faire les spécialistes, mais soyons mieux informés nous-mêmes.